Que l’auteur de ce récit, Denis TORINA nous pardonne et nous autorise à restituer ce texte très révélateur de l’ambiance qui régnait dans les postes d’équipage de la Grise naguère……..
« Je suis donc allé à Tamanrasset dans le Noratlas N° 141 F-RANC de l’Escadron Poitou. Un voyage d’une semaine pendant laquelle j’ai vraiment été intégré à l’équipage dont tous les membres étaient des sous-officiers à l’exception du deuxième pilote. Il était sous-lieutenant, ancien pilote d’hélicoptère sur H 34 et sortait tout juste de l’E.M.A. de Salon de Provence. Une belle et fine équipe grâce à laquelle j’ai beaucoup appris du métier de transporteur, du métier de militaire et déjà des différentes « ethnies » qui composent l’Armée de L’air. Il m’arrive quelque fois avec beaucoup de bonheur de repenser à cette magnifique expérience. Une étape complète aux commandes pendant laquelle, le roi n’était pas mon cousin ! Je me souviens aussi de quelques passages du « briefing » fait par le mécanicien navigant sur le chemin du retour. Je lui avais servi « d’arpète » pendant qu’il nettoyait et changeait les 28 bougies du moteur qui avait refusé de donner ses tours au départ de Boufarik. Une vraie complicité, un festival de blagues et d’anecdotes, et les mains pleines de cambouis.
Je garde l’image de la traversée des orages quand l’équipage, sérieux et attentif, guettant le givre, faisait bloc contre les éléments déchaînés. Une seule fois, je me suis risqué pour voir, juché sur le petit escabeau qui permet d’accéder à l’astrodôme.Le navigateur me surveillait du coin de l’œil. Cramponné à je ne sais quoi, j’ai admiré à travers la coupole, le ciel, les nuages, les éclairs et les ondulations douloureuses des ailes et des poutres de la « Grise » qui souffrait et se battait dans la tempête. Grandiose et impressionnant !
[Après ce voyage à Tamanrasset], 45 ans plus tard, il ne me reste plus qu’à aller à Dunkerque ».
Texte de Denis TORINA