GARDIENNAGE DE L'AVION SUR L'AÉRODROME D'AIX-les-MILLES
du 6 au 17 mars et 6-7 avril 2017
En matière d'hébergement hôtelier, les équipages de Noratlas n'ont jamais eu besoin de faire appel à Airbnb, Booking, ou autre plateforme moderne de réservation en ligne. Au printemps 2017, nous avons ainsi bénéficié d'un hôtel dont nous n'aurions jamais osé rêver : le cargo de notre Noratlas 105. Voici comment :
Afin de tenir compte de l'accroissement du trafic aérien et augmenter le nombre de fréquences VHF disponibles, les autorités internationales ont décidé de diviser par 3 l'espacement minima existant entre deux fréquences radio. Historiquement, cet espacement était de 25 kHz (par ex. 133.300 MHz, 133.325 MHz, 133,350 MHZ etc...). Depuis quelques années, on donc a divisé cet espacement par trois, soit 25/3 = 8,33. Voilà pourquoi cette norme dite "8.33" s'est progressivement développée, et sera obligatoire au 1er janvier 2018 pour les avions soumis au vol VFR (dont les avions de collection comme le nôtre).
Afin de répondre à cette norme, le remplacement de nos vieilles radios VHF et la modernisation du circuit radio était devenu obligatoire, mais d'un coût extrêmement lourd (28 000 Euros) pour notre budget. En agissant sur tous les leviers à sa disposition (budget propre de l'association, subventions départementales et locales, etc...) Claude notre Trésorier réalisa le miracle de réunir le financement nécessaire, et rendez-vous fût pris avec la Société SEAM Avionic, spécialiste en instrumentation aéronautique et maritime établie sur l'aérodrome d'Aix-les-Milles pour le début 2017.
Déplacer le Noratlas de Marignane à Aix-les-Milles n'est ni trop long (10 mn de vol) ni trop coûteux, mais un problème commença insidieusement à tarauder nos esprits : si le 105 est bien à l'abri des dégradations dans son cocon hyper-sécurisé de l'aéroport international Marseille-Provence, qu'en sera-t-il à Aix-les-Milles, où aucun gardiennage n'est exercé, notamment la nuit ? Ne retrouverions nous pas notre 105, en pièces détachées sur certains sites bien connus de vente en ligne comme cela arrive pour de nombreux avions auxquels les « amateurs » peuvent accéder.
C'est ainsi que, spontanément, des volontaires se désignèrent pour assurer le gardiennage nocturne de notre machine, à deux personnes par nuit. Sans être aussi évolué que les véhicules de loisir modernes, le cargo d'un Noratlas offre un volume que bien des camping-cars envieraient. Grâce à la lumière fournie par un groupe électrogène, un coin repas et un coin hôtellerie furent vite organisés dans l'avion que ses concepteurs avaient même équipé d'un lavabo (aux normes 1950 bien entendu).
Les premiers cobayes ayant affirmé (avec un peu de mauvaise foi), que la solution adoptée offrait tout le confort nécessaire, les binômes se succédèrent donc, chaque soir, dans ce qui était devenu la chambre 105 de l'aérodrome d'Aix. Conformément à la tradition française, chacun contribua largement au repas pris en général sous l'aile protectrice de l'avion, dans le calme champêtre de la zone Ouest de l'aérodrome, site de l'ancienne BA 114.
Si tout allait pour le mieux côté table où ne manquaient ni les crus divers et variés ni le café chaud du matin (photos), côté hôtellerie, le confort s'avéra moins convaincant : malheur à ceux qui pensaient s'offrir une bonne nuit de repos sur un des brancards de l'avion, ils s'aperçurent vite que cet instrument peut rapidement se transformer en instrument de torture pour genoux. Heureux les prévoyants qui avaient amené matelas pneumatique et duvet bien chaud. Car, même en Provence, et même par un beau mois de mars, les températures peuvent descendre très bas au petit matin, et, compte-tenu de l'isolation inexistante offerte par le plancher de l'avion, une torture supplémentaire et glaciale fût infligée à tous nos valeureux gardiens.
Enfin, l'installation des nouvelles radios s'avéra un peu plus compliquée que prévu et les travaux se prolongèrent sur 13 jours en comptant le week-end. Au total, ce ne furent pas moins de 18 personnes qui abandonnèrent le chaud domicile conjugal pour une nuit dans le ventre de la Grise. Dans certains cas cependant, on ne peut parler d’abandon de domicile conjugal, puisque des épouses valeureuses (soupçonneuses ??) accompagnèrent leur conjoint dans ce nid improvisé. N'oublions pas nos plus jeunes recrues, Thomas, Vincent et Maxence qui ont assuré leur part de gardiennage nocturne, en sus de leurs journées de travail respectives.
L’expérience s’étant avérée concluante, il nous fallut la renouveler pour deux nuits supplémentaires les 6 et 7 avril pour de derniers ajustements techniques.
Grâce aux efforts de tous, et en écouter les commentaires satisfaits des équipages, les performances radio de notre valeureux 105 sont au niveau des appareils les plus modernes, et ce pour encore de longues années.