Nous avons développé avec ce Régiment des liens particulièrement forts depuis de nombreuses années, et c’est toujours avec plaisir que nous posons les roues de notre magnifique machine à Francazal LFBF, sur le parking de Cugnaux. Après plusieurs rendez-vous déplacés pour cause de maintenance mécanique, l’occasion se présente enfin en ce début de saison 2023.
Lundi 15 mai :
Pour cette mission la logistique doit être soigneusement étudiée, car le décollage se fait depuis le terrain de Marignane, alors que l’atterrissage aura lieu sur la Base 701 de Salon de Provence. Il nous faut donc bien positionner nos véhicules en fonction des différentes autorisations d’accès dont ils sont munis, sous peine de rentrer à pied à la maison une fois la mission terminée !
Cette particularité mise à part, le départ se fait sans pression particulière, car nous sommes attendus à Toulouse à 14h30, ce qui permet à chacun de se consacrer à la charge qui lui incombe : navigation pour les pilotes, PPV (préparation pré-vol) pour les mécaniciens, dernière vérification du matériel de largage pour les largueurs, et tâches logistiques pour les autres membres de l’équipage. Nos deux jeunes mécaniciens en formation, Alexis et Laurent, ne perdent pas une miette des explications généreusement fournies par Vincent, notre mec-nav sur ce vol.
Malheureusement Jean-Yves, un de nos deux pilotes, tempère cette belle ambiance par une perfide remarque que certains redoutaient : « Ça va secouer ! ». En effet, le mistral qui règne sur la Provence ce jour-là attend patiemment l’heure de notre décollage…
Concentration maximum dans le cockpit !
A 13h18, notre fidèle 105 décolle de la piste 31L, et pose ses roues à Francazal après 1h20 d’un vol que certains auraient souhaité plus bref. Ces désagréments seront vite oubliés grâce au chaleureux accueil des largueurs du 1er RTP qui nous attendent sur le parking.
Le ballet du déchargement de la soute est rondement mené, et quand celle-ci est libérée, Philippe, le chef largueur de notre association sur cette mission procède à l’information des largueurs et chefs largueurs du 1er RTP aux particularités des équipements du Noratlas, notamment pour la remontée du para accroché (avec la pose de l’indispensable «IT107 » et la manœuvre du « Tirfor »), et l’utilisation des prolongateurs nécessaires pour les sangles qui équiperont les paras. Les largueurs qui nous accompagneront pendant ces deux jours enregistrent très rapidement ces informations, et ne boudent pas leur fierté de parachuter depuis cet avion mythique.
Tous ces préparatifs nous amènent à la fin de l’après-midi, et il ne nous reste plus qu’à rejoindre « Le Patio Occitan », hôtel tout proche où nous sommes maintenant bien connus, et dont nous apprécions le confort et les prestations de premier ordre.
Les largueurs prennent possession de leur domaine
Mardi 16 mai
Lever à 6h, nous voilà à 7h30 au pied de l’avion pour la préparation de notre monture. Le temps pluvieux et le vent soutenu font planer une incertitude sur la possibilité de procéder aux 3 largages en OA (Ouverture Automatique) prévus.
La zone de saut de Fonsorbes annonce 6 m/s : la partie est jouable en toute sécurité. Le premier avion de 20 paras est chargé à 9h30.
Nous pourrions embarquer un nombre plus important de parachutistes, mais ceux-ci sont maintenant équipés de l’ « Ensemble de Parachutage du Combattant » (EPC) dont le parachute est plus volumineux que celui de la génération précédente, l’EPI (Ensemble de Parachutage Individuel ». En effet, l’EPC a une capacité d’emport de 165 kg, contre 130 pour l’EPI, donc une voile et un sac plus grands.
La soute du Noratlas n’étant pas extensible, nous sommes donc conduits, à notre grand regret, à limiter à 20 le nombre de sautants par rotation.
A 11h15, tout est paré pour le troisième avion mais, au cours de la vérification des paramètres moteurs par notre mec-nav, un claquement sec au niveau du moteur droit se fait entendre au moment du test des magnétos. Il nous faut couper les moteurs et débarquer nos parachutistes. La déception de ceux-ci est tempérée par la zone de sauts, qui annonce un vent de 8 m/s sur zone : de toute façon, cette rotation aurait été annulée.
Sans tarder, Vincent ouvre les capots moteurs. Le diagnostic qu’il avait pressenti de son poste de conduite se confirmait : panne de la magnéto gauche (en fait une rupture du linguet de rupteur). Panne imprévisible, mais réparable sur place. En effet, les caisses si lourdes que nous emmenons dans nos déplacements contiennent toute la variété de pièces détachées nécessaires aux dépannages au long cours. Et parmi ces pièces figurent notamment un jeu de deux magnétos, une droite et une gauche.
Sans perdre de temps, nos trois mécanos entreprennent le démontage de la magnéto défectueuse. La position perchée en haut de l’échelle de plan de l’avion, ainsi que la présence d’un vent nettement forci ne rendent pas l’opération des plus agréables. Le reste de l’équipage apporte ce qu’il peut, c’est-à-dire un soutien essentiellement moral, et une participation au tri des clés au pas anglais : « Tu veux 5/8e ou du 11/16e ? Ça ressemble au 13 français ? »
Malgré les conditions précaires, le lot de dépannage a parfaitement rempli son rôle, et à 17 heures, le chant mélodieux du moteur Bristol se fait à nouveau entendre.
Soulagement général, et grandes félicitations à Vincent et ses deux sbires !
Mercredi 17 mai
La météo s’annonce jouable, et nous quittons l’hôtel dès 6h45. Nous prendrons le ptit dej’ chez nos amis paras.
Programme de la matinée : rattraper si nous pouvons les rotations perdues la veille.
La météo est aujourd’hui tout à fait correcte (vent ne dépassant pas 6 m/s sur zone), et nous enchainons 4 rotations de 20 OA, suivies d’une rotation de 17 paras en OR (dont un tandem) que nous larguons depuis le niveau 100 (env. 3300m). Tous les sauts se font sur la DZ de Fonsorbes
Au total 5 rotations et 97 paras largués en deux heures, nous n’avons pas perdu notre temps.
Avec les 40 paras largués la veille, ce sont 137 parachutistes qui ont franchi nos deux portes latérales au cours de cette mission.
C’est avec satisfaction que nous allons déjeuner à l’ordinaire Régiment, après quoi nous tenons à visiter la « maquette » grandeur nature de la soute du A400M qui sert à la formation des spécialistes de la Livraison Par Air. Cela permet une formation plus efficace et de disposer d'un « avion » en permanence. Evidemment, nous remarquons la différence de génération avec le cargo du Nord 2501, en taille et complexité !
Avant le décollage, une petite cérémonie concoctée par Philippe intronise officiellement les 4 chefs largueurs et les 3 largueurs qu’il a validés sur Noratlas . Echanges de cadeaux et photos souvenirs de rigueur, promis on se retrouvera !
Le retour sur Salon s’effectue sans histoire, après une longue escale sur l’aéroport de Carcassonne où nous faisons le complément d’essence.
Le refuelling à Carcassonne et un drôle de voisin :
Honda ne fabrique pas que des motos (jet 4 places HA-420) !
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1er RTP, précieux régiment de l’armée française
Régiment de la 11e brigade parachutiste, le 1er RTP est spécialisé dans la livraison par air. Unique détenteur de cette expertise dans les armées, il est engagé en permanence au cœur des dispositifs opérationnels et permet à la France de maîtriser tous types de largages. Grâce à ce régiment, la France fait ainsi partie des rares nations capables d’intervenir et de soutenir les forces par voie aérienne.
le lien vers le site du 1er RTP