Du jeudi 24 au samedi 26 juin 2021
Anniversaire des 75 ans du CIET et Escale à Saint-Denis de l'Hôtel
Le vendredi 25 juin 2021, le Centre d’instruction des équipages de transport (CIET) 340 « Général Lionel de Marmier » a célébré le 75e anniversaire de sa création lors d’une cérémonie militaire sur la base aérienne (BA) 123 d’Orléans-Bricy. (Voir en fin d’article l’historique du CIET 340).
Bien entendu, pas question de fêter la création de l’école qui a formé des générations de « transporteurs » sans la présence du Nord 2501 « Noratlas », premier « vrai » avion de transport conçu et réalisé en France depuis la fin de la 2e Guerre Mondiale, cheville ouvrière du COTAM (Commandement du Transport Aérien Militaire) pendant plus de 30 ans.
C’est ainsi qu’en ce jeudi 24 juin, nous nous retrouvons, dans une ambiance de rentrée des classes. Cette mission est en effet la deuxième de l’année 2021, et crise du Covid 19 aidant, certains d’entre nous n’ont pas franchi la porte équipage depuis plusieurs mois.
Compte tenu de l’objet de la mission, honneur à nos pilotes passés sur les bancs de cette prestigieuse école : le Général Pierre CROZET (qui en fut le commandant sur la BA101 de Toulouse-Francazal, et également celui de l’Escadron 1/61 « Touraine » sur la BA123 d’Orléans-Bricy) , Jacques RAMBACH et François MARTIN nos pilotes qui totalisèrent des milliers d’heures de vol opérationnel après leur passage au CIET.
L’heure du décollage étant fixée aux environs de 13h30, nous apprécions d’avoir tout le temps nécessaire pour affiner les derniers préparatifs. La météo ne sera pas fameuse le long de notre remontée de la vallée du Rhône, mais rien de bien inquiétant. Au niveau de Saint-Etienne, nous mettons cap au Nord-Ouest et arrivons à LFOJ – Orléans après un vol sans histoire de 2h10.
Après l’atterrissage, le 105 rejoint sa place habituelle devant l’escale de la base, où le capitaine chargé de notre accueil nous apprend à notre grand regret que, contrairement à ce que nous pensions, le Noratlas ne ferait pas partie du défilé aérien prévu pour le survol de la cérémonie. La démonstration en vol devant les invités est heureusement maintenue. Nous nous consolons en constatant que les dieux de la logistique ont veillé sur nous : le camion d’essence F18 qui doit nous avitailler (venu spécialement de Cognac) est bien à notre disposition, ainsi que le groupe de parc qui nous permettra d’épargner nos batteries lors des prochaines mises en route.
Une fois le lot de soute débarqué, l’avion est mis en configuration pour la démo en vol, ce qui signifie que tout est soigneusement « brélé » dans l’avion en prévision des manœuvres « viriles » imposées par cet exercice.
Comme chacune de nos venues à Orléans, nous sommes accueillis par le fidèle et jovial Dédé, et nous retrouvons le Musée de la base sur lequel il veille. C’est toujours un plaisir de parcourir les salles thématiques et de découvrir des vestiges qui parlent à nos cœurs de passionnés. Après quelques rafraichissements forts bienvenus (Dédé prévoit tout, même les glaçons !), un bus nous conduit à notre hôtel et nous passons la fin de la journée et de la nuit dans les meilleures conditions possibles grâce à Arnaud qui a veillé sur notre confort. Le chef de la « log » c’est lui, incontestablement !
Vendredi 25 juin
C’est le « grand » jour. Nous arrivons à 8h00 au pied de l’avion, et le ballet bien rodé commence : vérification des organes mécaniques, de la cellule et des pleins par Eric et Thomas, nos « mecnav », suivie de la « PPV », visite pré-vol en compagnie du pilote qui fera le vol. Pendant ce temps, le groupe électrogène 28V est branché par Laurent, et chacun veille à mille détails. Les pilotes se rendent à la réunion avec le Directeur des Vols (DV) afin de recevoir les consignes définitives.
A 10h00 commence le défilé aérien, pendant que le Noratlas entame son roulage afin d’être prêt à décoller quand le moment sera venu. Le reste de l’équipage a le loisir d’admirer le défilé pendant lequel la place prépondérante prise par les récents Airbus A400M « Atlas » est manifeste. La puissance qu’ils dégagent et leur taux de montée au décollage est vraiment spectaculaire. Nous remarquons les superbes Hercules C130J nouvellement achetés par la France. Le défilé est complété par un passage en formation de TBM 700, et nous sommes un peu surpris de la modeste place réservée à l’unique C160 Transall, avion qui a magnifiquement servi la France pendant plus de 50 ans. Mais il est vrai que les avions sont occupés par de très nombreuses missions, notamment en Afrique.
Nous rejoignons les invités devant les merlons de protection, juste à temps pour assister à la démo du Noratlas sous les mains expertes de Jacques. Cette prestation ravit les anciens, et les plus jeunes sont surpris par les possibilités offertes par un avion au profil aussi débonnaire, notamment la fameuse « grande pente ». A noter que le Noratlas fût le premier avion de transport à réaliser ce posé d’assaut. Enfin, unanimité sur la l’harmonie des deux Bristol Hercules. En France, le Noratlas est de nos jours le seul avion à offrir au public la musique de deux moteurs à pistons de forte puissance, particulièrement remarquable lors de la reverse à l’atterrissage. Atterrissage sous les applaudissements des spectateurs, en nombre malheureusement restreint en raison des précautions sanitaires toujours d’actualité.
Puis l’avion une fois parqué devant les hangars de l’escadron « Franche Comté », nous sommes invités à assister aux discours des autorités dans les jardins des bâtiments du CIET 340 « Général Lionel de Marmier ».
Notre délégation est accueillie de manière fort chaleureuse par la Colonelle Laetitia, commandant le CIET qui nous remet une reproduction de la toile spécialement créée pour cette occasion, et nous sommes flattés de voir la place centrale qui est réservée au Noratlas. Echange de bons procédés, nous remettons à la Colonelle les nombreux souvenirs que l’association a prévu à cet effet. Le commandant de la base nous confie que la présence du Noratlas sera fortement souhaitée lors de la passation de commandement du CIET prévue en 2022. S’ensuivent les traditionnels discours et remises de distinctions, et la présence du Général Crozet est soulignée. Nous avons le plaisir de retrouver le Général Gasnot, Président de l’ANTAM (Association Nationale du Transport Aérien Militaire) et membre de notre Association dont il suit fidèlement l’actualité.
Après un buffet particulièrement soigné, nous rejoignons notre 105 afin d’accueillir les visiteurs prévus, mais notre positionnement sur le parking ne permit pas au public de venir en nombre, à notre grande déception.
Nous quittons la BA123 à 17h00 et après un passage à l’hôtel, nous sommes « kidnappés » par Karine et Philippe, deux aficionados locaux du Noratlas. Nous constatons que le mot n’est pas vain en admirant les nombreuses et superbes photos du 105 qui décorent leur « petit » nid, et nous passons grâce à eux une soirée des plus chaleureuses. Les anecdotes des uns et des autres sont toutes passionnantes et seule la perspective de la mission du lendemain nous oblige à mettre fin à cette soirée telle qu’on les aime.
Samedi 26 juin
C’est le jour du retour au bercail mais avant cela, nous avons promis de faire escale sur l’aéroport Orléans-Loire-Valley (LFOZ) situé à Saint-Denis de l’Hôtel, à une dizaine de minutes de vol de Bricy. Ses installations sont fréquentées par des aéroclubs, clubs de vol à voile et de parachutisme. L’aviation d’affaires y est également présente.
Aéroport très moderne, où nous attendent environ deux cents passionnés que nous avons plaisir à rencontrer. Les meetings se font rares, et nous retrouvons la joie de présenter à notre magnifique machine à un public sincèrement admiratif. Les souvenirs de notre boutique changent prestement de mains, ce qui ne sera pas anecdotique pour notre trésorier.
Nous quittons le Loiret à 11h30 pour le vol de retour sur notre base, qui nous permet d’admirer une nouvelle fois la mosaïque de paysages qui se déroule sous nos ailes. Vol sans histoire, si ce n’est quelques turbulences thermiques à l’approche de Marignane, où nous posons nos roues à 14 heures.
Nous n’oublions pas de remercier notre fidèle monture pour son fonctionnement sans reproche (et à travers elle ses dévoués mécanos), et nous séparons avec de très beaux souvenirs en tête.
Tel est le privilège que de servir une cause aussi exceptionnelle que le maintien en vol d’un monument historique !
L ’histoire du CIET :
Texte extrait du livre "L'Armée de l'air, des avions et des hommes", Lcl Henri Guyot, éditions ADDIM.
"En 1945, le groupement des moyens militaires de transport aérien (GMMTA) dispose, au sein du GT 1/15 stationné à Valence, d'une section d'instruction au vol sans visibilité.
Cette cellule s'installe en mars 1946 à Toulouse Francazal et prend le nom de centre d'instruction des équipages de transport (CIET). Doté de seize UC 45 Beechcraft, de huit JU 52 Junker et de deux NC 701 Martinet, le CIET voit rapidement sa mission principale évoluer dès 1949. Chargée de la formation des équipages susceptibles d'être engagés dans des missions opérationnelles en Extrême-Orient, cette unité crée des stages spécifiques afin d'assurer la transformation rapide sur bimoteur des jeunes pilotes de chasse, puis retrouve sa mission originelle, dès la fin des opérations en Indochine.
En 1955, le N 2501 Noratlas remplace les JU 52, NC 701 et 702. Le CIET, cette année-là, entreprend la formation des mécaniciens d'équipage et des radionavigateurs. La patrouille "Guimauve", sur Noratlas, entame sa brillante carrière en 1960. Avec l'arrivée à Francazal du GE 316 en 1965, le CIET devient alors une unité distincte de la base 101.
En 1969, il se dote de C 160 Transall et, dès 1976, transforme le personnel navigant, pilotes, et mécaniciens d'équipage, sur Nord 262 D. Suite à la dissolution, en 1978, de la 62ème ET, stationnée sur la base de Reims, la 63e ET est constituée à Toulouse Francazal avec l'arrivée du "Vercors". Cette nouvelle escadre est donc composée de l'escadron d'instruction EI 1/63, conservant les traditions du CIET 340, et de l'escadron de transport ET 2/63 "Vercors", conservant celles de l'ET 2/62. Elle regroupe quatre types d'aéronefs principaux : C 160 Transall, N 2501 Noratlas, N 262 D, DHC 6 Twin Otter ainsi que le Broussard MH 1521 de la base. Le 1er octobre 1986, avec la disparition du N 2501 cargo de l'Armée de l'air et la dissolution de l'escadron 2/63 "Vercors", le CIET va retrouver l'organisation qu'il avait connue avant 1978 avec deux types d'aéronefs : C 160 Transall et N 262. L'arrivée du C 130 Hercules au sein du TAM entraîne, à partir de septembre 1989, la création d'une annexe CIET sur la base aérienne d'Orléans Bricy.
A partir du 1er septembre 2008, le CIET s'installe à Orléans. Dès lors, il dirige et coordonne l’activité de six Escadrilles d’Instruction des Equipages (EIE) chargées de la formation par type d’avion : EIE C160 à Evreux, EIE C130 à Orléans, EIE CN235 à Mont-de-Marsan, EIE Airbus à Creil, EIE Falcon à Villacoublay, EIE TBM 700 à Bordeaux.
De nos jours, le CIET est implanté dans le centre de formation A400M sur la BA123 et exerce son autorité sur la nouvelle escadrille d’instruction des équipages A400M."
75 ANS D'AVIONS :