J'ai volé sur le Noratlas !
par Anne Marie Gloaguen (membre du "Noratlas de Provence")
J'ai eu le privilège d'être admise dans le poste d'équipage pour effectuer le trajet d'Avignon à Marignane en Noratlas, et c'est ainsi que j'ai compris que, jusqu'à ce jour-là, en dépit des voyages que j'avais pu faireje n'étais jamais montée dans un avion : en effet, ce que je connaissais, c'était les bétaillères à touristes, où les passagers peuvent tout faire, y compris des caprices, pour s'imaginer qu'ils sont en TGV ou dans un autocar Pullman.
Car le poste d'équipage du Noratlas est un lieu où l'on bosse, où se déploie et se conjugue en continu un impressionnant faisceau de compétences : dans le dialogue entre le pilote en place gauche et le pilote en place droite, et singulièrement dans le rôle du mécanicien, dont la combinaison, à l'atterrissage, était trempée de sueur (j'ai aussi compris pourquoi les pilotes disent qu'un avion est l'avion du mécanicien). Et ce travail d'équipe, qui à lui seul force le respect, exprime une sorte de fierté, de jubilation retenue, et pourtant bien légitime, de faire fonctionner la machine. Du reste, le pilote en place droite, qui posa l'appareil, ne cacha pas l'enthousiasme qu'avait suscité en lui cette expérience, qu'il considérait comme précieuse. Il s'agissait d'un pilote allemand, habitué aux commandes très sophistiquées et très informatisées de l’A400M.