Aéroport de Bordeaux-Mérignac, passation de commandement 13 RDP
(Mardi 13 mai – Vendredi 16 mai)
La saison des vols 2025 pour le Noratlas ayant débuté fin avril avec la fête des légionnaires (Camerone) à Calvi, pas de temps de repos pour l’avion et l’équipage…direction Bordeaux pour une seconde grosse mission.
Celle-ci s’est déroulée sur quatre jours dans la Gironde en Nouvelle Aquitaine pour une passation de commandement du très prestigieux régiment de dragons parachutistes (13 RDP).
Au programme de cette semaine, 8 rotations en OA et 4 en OR. Cette escapade dans le sud-ouest devait aussi nous permettre de récupérer des pneus de Noratlas auprès du conservatoire aéronautique d’Aquitaine. En plus de ces deux missions il était aussi question de la qualification au largage parachutiste d’un nouveau pilote de l’association.
Le régiment en lui-même :
Le 13ème Régiment de Dragons parachutistes est un régiment historique car il est l’héritier des « dragons de Monsieur » au 18ème siècle. Il s’agissait avant tout d’un régiment de cavalerie puis il fut transformé en unité blindé avant de devenir une unité parachutiste en 1952. Aujourd’hui, le régiment est spécialisé dans le renseignement humain en profondeur et est employé par le Commandement des Opérations Spéciales (COS) ou la Direction du Renseignement Militaire (DRM).
Pour plus d’info sur le régiment à https://www.defense.gouv.fr/terre/unites-larmee-terre/nos-brigades/commandement-actions-speciales-terre/13e-regiment-dragons-parachutistes
Déroulement de la mission
Mardi 13 mai :
Les mécaniciens et les membres de l’association se retrouvent le samedi précédant la mission, prévue en semaine, afin de préparer l’avion pour qu’il soit pleinement opérationnel pour le jour J.
Pour cette mission, nous avons rendez-vous à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac (BOD) à 15h30. L’équipage de cette mission se donne rendez-vous dans la matinée à la base aérienne 701 de Salon-de-Provence (lieu où est basé la Grise) afin d’y réaliser les derniers réglages d’avant vol.
A 10h30 les mécaniciens effectuent la visite PPV (Préparation Pré-Vol), le largueur contrôle les parachutes et vérifie que le matériel emporté en soute soit bien sanglé.
Quant aux pilotes, ils s’occupent de la navigation ainsi que du briefing avant le vol.
Après la mise en route et le contrôle des moteurs par le mécanicien navigant, c’est à 13h30, avec 4500 L d’essence dans les ailes que le Noratlas de Provence décolle de Salon (LFMY) par la piste 16 en direction de Bordeaux.
Le ciel est BKN au niveau d’Eyguières mais clair au-dessus de Nîmes. Le vol dure 1 heure 30, nous passons par Nîmes, le pont de Millau et survolons les Gorges du Tarn à 5000 ft avant de se présenter devant l’aéroport de Bordeaux-Mérignac. Les pilotes, après accord de la tour de contrôle, effectuent un Touch and Go sur la piste. L’objectif étant de faire valider un certain nombre d’atterrissage à Luc, le futur pilote qualifié sur la Grise. L’avion se pose finalement à 15h15 et stationne sur l’escale de la base aérienne 106.
Lors du roulage sur l’escale, tous les regards se tournent sur la Grise. Après, les « pistards » nous placent à côté d’un Fennec et d’un TBM 700 de l’ET 43, immatriculé 105 : coïncidence ? … Je ne sais pas…affaire à suivre
Une fois l’avion déchargé par l’équipage, une extension de qualif pour les largueurs est menée par Philippe afin de former les militaires aux largages depuis le Noratlas.
Nous effectuons la RAT (Réunion Air-terre), pour que l’équipage de la Grise puisse prendre en compte les informations de la Drop Zone (au camp de Souge) avec le marqueur au sol. Vice versa pour les militaires du 13 RDP, afin de connaître la procédure de largage du Noratlas.
Le soir, le régiment nous invitent pour un diner avec la présence du chef corps ; très bon moment d’échange entre l’équipage et les dragons !
Mercredi 14 mai :
Un réveil matinal s’impose à l’équipage pour être sur la base à 7h30 ; la première rotation, en OA (ouverture automatique), est prévue à 9h. Comme à notre habitude, que ce soit des pilotes aux largueurs, chacun des membres de l’équipage fait ce qu’il a à faire pour respecter l’horaire de décollage.
Les Hercules 759 commencent à vrombir à partir de 9 heures moins le quart, c’est à ce moment-là que les 22 parachutistes embarquent par la tranche arrière gauche de la machine. Après avoir quitté l’escale, le méc-nav s’occupe de contrôler les moteurs en réalisant le point fixe du premier vol de la journée. La tour de contrôle autorise le décollage à 9h10 sur la piste 5.
La zone de saut n’est pas très loin, situé au-dessus du camp de Souge, nous arrivons sur zone en 5 min. Les pilotes ne sont pas gênés par les nuages car à 1200 ft tout est clair. Un premier passage de reconnaissance est effectué, un second est réalisé pour le largage du TID (mannequin parachuté). Le largage s’effectue sans encombre.
Une deuxième rotation s’enchaine directement après que l’avion ait embarqué le deuxième bloc de para. La dernière rotation de la matinée est marquée par une petite pause. Celle-ci est légèrement différente car il s’agit d’une rotation avec des sauts en ouverture retardée.
Après que les chuteurs Ops montent à bord de l’avion, nous décollons aux alentours de 11h.
Cette fois-ci, la montée est un peu plus longue puisque nous atteignons environ 10000 ft.
Un à un, les paras, équipés de leur gaine, se jettent de la tranche arrière de l’avion et profitent de 30 secondes de chute libre avant d’ouvrir leur parachute. L’avion se pose sans encombre après avoir effectué la dernière rotation de la matinée.
Un programme identique est prévu l’après-midi, mais avant cela, nous mangeons au mess militaire de la base.
De retour à l’escale, l’équipage ne perd pas de temps à reconfigurer l’avion pour la rotation prévu à 14 h l’après-midi. Malgré un ciel couvert et nuageux les parachutistes sont tous largués 15 minutes après le décollage.
A 14h20 la Grise se pose et rejoint l’escale pour embarquer un deuxième groupe de paras. Tout se passe bien jusqu’à l’alignement sur la piste : le chef largueur du Noratlas nous signale des éclaboussures d’huile moteur. Un des mécanos jette un coup d’œil du côté du hublot gauche et, en effet, une grosse fuite d’huile est présente au niveau de l’entrée d’air du moteur Gauche. Le mec-nav et le pilote prennent la décision de retourner à l’escale pour éclaircir le problème.
Après l’arrêt des deux moteurs, les paras se déséquipent et descendent de l’avion. Les mécanos se dépêchent de venir chercher l’origine de la panne.
Une grosse fuite d’huile est présente au niveau de l’hélice gauche et a donc été projetée sur l’ensemble de la carlingue gauche de l’avion dû au souffle de l’hélice.
On vous épargne le nombre d’heures de recherche pour trouver l’origine exacte de la fuite, on en a déduit qu’il s’agissait d’un joint d’un des tirants d’une pale.
Point technique Hélice Breguet :
L’ensemble de l’hélice Breguet est composé :
- d’un moyeu équipé : Il comprend quatre bras symétriques, reliés à la partie centrale par des voiles AV et AR qui recoivent les pales ;
- de tubes à huile : Il s’agit de deux tubes concentriques en acier qui assurent le transfert d’huile sous pression entre le moteur et l’hélice ;
- d’un cylindre : Le cylindre et le fond de cylindre sont assemblés par 24 boulons qui servent également à fixer le support de la casserole. L’étanchéité entre ces deux pièces est assurée par un joint à lèvre ;
- d’un mécanisme de verrouillage (comprend un ensemble de pièces assurant le guidage du piston et d’un système de verrouillage à griffes élastiques) ;
- d’un piston.
Dans notre cas de panne, un des joints qui est à l’origine de la fuite d’huile se situe derrière le fond de cylindre.
Bien que la panne reste localisée, un autre problème arrive…. L’approvisionnement des pièces !
En effet, il nous faut le joint à lèvre et l’outillage spécifique pour démonter le mécanisme de verrouillage de l’hélice ; les pièces ne sont jamais dans les lots de bords de l’avion.
Des membres de notre association ne participant pas à la mission se dévouent et cherchent le fameux joint et l’outillage nécessaire à Salon de Provence et Marignane.
Un des pilotes de la mission se renseigne pour savoir s’il y avait des vols de liaison en TBM 700 entre Bordeaux-Mérignac et une base aérienne à Salon de Provence ou non loin.
Coup de bol, oui ! Un vol au départ de la base d’Orange est prévu à 10h demain pour arriver à la base de Mérignac vers 11h. On profitera donc de cette opportunité pour acheminer le matériel manquant par TBM 700.
Les mécanos utilisent le reste de l’après-midi pour retirer le cône hélice et le cylindre.
Cette journée bien épuisante se termine par un bon restaurant . Après l’effort, le réconfort ! Nous ne nous couchons pas trop tard, une autre grosse journée nous attend demain.
Jeudi 15 mai :
Retour à l’escale, tout l’équipage attend avec impatience l’arrivée du TBM 700.
Nous en profitons pour visiter le très beau musée aéronautique d’Aquitaine où un Noratlas est encore stocké.
Les membres ont pu nous dépanner sur l’approvisionnement de quelques pièces manquantes, dont des pneus de trains principaux.
Lors de l’arrivée du lot de bord, les mécaniciens s’attellent au travail - desserrage des écrous - démontage du fond de cylindre pour vérifier l’étanchéité des joints à lèvre suspectés d’être abîmés.
Petite frayeur, au premier regard, aucun des 4 joints ne semble endommagé, mais après les avoir manipulés, nous remarquons une grosse déchirure. Par chance, le joint envoyé depuis Marignane a les bonnes dimensions. Nous pouvons donc remonter le fond de cylindre et remettre l’ensemble des pièces que nous avions démontés.
En fin d’après-midi, le moment fatidique arrive : le point fixe
Tout le monde, y compris les militaires de l’escale et les paras, regardent d’un œil attentif le démarrage du moteur gauche. Le démarrage s’effectue sans problème, aucune fuite d’huile ne gicle de l’entrée d’air du moteur !
Grand soulagement pour tout le monde.
Vendredi 16 mai :
Pour ce dernier jour à Bordeaux et au vu des circonstances, nous proposons aux dragons d’effectuer deux rotations en OA tôt dans la matinée avant de repartir à Marignane.
Nous quittons l’hôtel à 6h30 pour mettre en route les moteurs à 8h.
A 7h45, les parachutistes embarquent dans la Grise pour leur dernier saut. La mise en route du moteur droit se passe correctement. Le moteur gauche ne démarre pas…
Le mec-nav essaie à plusieurs reprises de le démarrer mais rien ne se passe…L’équipage a fait tout son possible pour réparer à temps la première panne mais nous voilà avec une seconde panne. La journée s’annonce plus longue que prévue…
Les paras doivent débarquer et de se déséquiper.
Quant aux mécanos, ils investiguent sur l’origine de la panne. Ils en viennent à la conclusion qu’il y a un souci de démarreur. Heureusement, nous avons un démarreur de rechange.
Bien que pénible, cette seconde maintenance s’annonce plus simple du point de vue de la logistique.
Nous consacrons la fin de matinée et le début d’après midi au démontage de l’ancien démarreur et à la mise en place du nouveau.
A 16h30 nous arrivons enfin à démarrer le moteur gauche. A
près avoir embarqué 5 pneus que le musée nous a gentiment offerts, nous décollons de Bordeaux à 17h30.
Le vol se passe très bien, et l’avion se pose vers 19h sur l’aéroport de Marseille-Provence (LFML), où nous avons été accueillis par le président de l’association !
Toute l’équipe du Noratlas tient à remercier chaleureusement l’ensemble du personnel militaire de l’escale particulièrement Tom et les bénévoles du musée pour leur accueil chaleureux et leur aide lors de notre petit périple en Aquitaine.
