Largage petits Colis – Brive-la-Gaillarde
80e anniversaire de l’opération Cadillac
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Lors de la saison estivale du Noratlas 105, les missions s’enchaînent mais ne se ressemblent pas toutes.
La mission qui nous réunit aujourd’hui en ce 14 juillet 2024, et pour le moins originale, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, l’opération CADILLAC est le nom de code donné par les Alliés à un parachutage massif d’armement pour la résistance Française le 14 juillet 1944. 322 B-17 Américains escortés par 524 chasseurs P-51 et MP-47, larguerons 3 780 conteneurs d’armes sur l’Ain, le Vercors, la Haute Vienne, la Corrèze, le Lot, le Cantal et le Puy-de-Dôme.
La première raison, c’est le but même de la mission, commémorer l’opération Cadillac qui s’est déroulée en… 1944 ! Tromperie me direz-vous ?! Nous étions à 5 ans de voir le premier Nord 2500 prendre les airs. Même si le 105, pour des raisons historiques, n’aurait pas à larguer pour cette commémoration, il le fera. Aujourd’hui en France, il n’est pas facile de trouver un aéronef étant capable et ayant les qualifications pour larguer des petits colis, et encore moins en avion historique. Le Noratlas est donc ce qui s’en rapproche le plus. En plissant les yeux et à haute vitesse (oui oui, 270 km/h), le Noratlas peut se transformer en B-17 pour qui veut bien le voir. (Je vous l’admets, l’exercice n’est pas le plus facile).
La seconde raison concerne la logistique de cette mission. Lorsque nous réalisons du largage, nous avons pour habitude de nous rendre sur l’aéroport le plus proche un peu avant le largage, de déposer le lot de bord, de préparer l’avion… Tout un cérémonial dont l’équipage est habitué à lieu. Pour cette mission, pour des raisons logistiques, nous partirons de Marignane, réaliserons l’heure et quart de vol jusqu’à Brive, réaliserons les 2 largages, puis nous rentrerons. C’est peu commun dans l’association de fonctionner ainsi, mais l’une de nos meilleures forces à l’association est bel et bien l’adaptation.
Enfin, la troisième raison, est le type de largage. Comme vous l’avez compris, nous allons larguer des petits colis. Nous sommes plus habitués à larguer des parachutistes et réalisons plus rarement des petits colis. Mais c’est un plaisir pour nos largueurs de changer un peu de cargaison à passer par la porte.
En ce 14 juillet 2024, après avoir regardé nos militaires Français défiler sur l’avenue Foch, l’équipage se donne rendez-vous à 11h30 à la porte des Salins. Le décollage est prévu à 13h50. La préparation, le repas et le briefing se devront donc être efficaces.
Petite parenthèse « reconnaissance », l’investissement de tous les membres de l’association est remarquable. L’appareil effectue pas mal d’heures de vol en cet été 2024, avec son lot de tracas. Nous retrouvons l’avion dans un état irréprochable le dimanche, grâce à l’aide des bénévoles qui ont travaillé d’arrachepied le samedi. Féliciations à tous.
Cette mécanique bien huilée se met en marche, les mécanos contrôlent l’avion, les largueurs contrôlent les petits colis ainsi que leur zone de travail. Enfin les pilotes vérifient la MTO, NOTAMs et autres obligations avant de partir en vol en toute sécurité.
A 12h45 nous briefons, les mécaniciens en profitent pour manger en même temps. Les dernières consignes sont transmises, la glacière d’eau chargée dans l’avion, nous voilà prêts pour la mise en route et pour réveiller les 2 Bristol Hercules du 105, qui ne chôment pas en cet été.
Décollage en 31 légèrement en retard, cap direct sur la première zone de saut située sur la Commune de Saint-Julien-aux-Bois. Pour cette première zone, nous n’avons pas d’horaire imposé. Nous y serons donc aux alentours de 15h06. En vol, l’appareil se comporte très bien. Nous croisons quelques avions et des parapentistes au loin, qui profitent des thermiques de l’été pour se dégourdir les plumes. La météo est clémente et la masse d’air est stable au FL65.
Les deux zones de cette mission ont pour particularités d’être plus petites que celles que nous côtoyons habituellement, avec du public et leur véhicule de part et d’autre de la zone. Nous avons briefé, et feront le nécessaire pour mettre la charge sur la zone.
Nous arrivons sur zone et découvrons le champ attribué pour le largage. La zone est vallonnée et forestière, difficile d’apercevoir la zone en éloignement. Le pilote aux commandes réalise plusieurs passages afin de reconnaitre la zone. Puis au 3ème, après avoir eu les informations de vent par le fumigène au sol, l’avion se présente sur axe pour larguer la première charge.
5-4-3-2-1… Top, vert, largage ! Charge dehors, une voile ouverte.
Le temps d’opérer un demi-tour, nous nous apercevons que le parachute est au nord de la zone. Le sol nous confirme que cette première charge finit à la lisière de la foret, accrochée dans un arbre.
Nous nous présentons pour un second passage. Le pilote corrige l’axe, 5-4-3-2-1… Top, vert, largage ! Charge dehors, une voile ouverte.
Le second largage tombera parfaitement au milieu de la zone.
Le temps de remonter les SOA, l’avion réalise un dernier passage pour saluer les personnes présentent au sol, et nous prenons le cap sur la seconde zone à 5 minutes de vol.
Sur la seconde zone située à Saint-Hilaire-Taurieux, le schéma sera le même, reconnaissance puis largage. Un seul colis cette fois-ci, nous n’avons pas le droit à l’erreur. La particularité de cette seconde zone est la présence d’un terrain ULM dans le circuit de largage. Heureusement, un NOTAM a été émis, clouant au sol tous les appareils présents le temps de réaliser nos largages.
Nous larguerons la troisième charge, et unique de cette seconde zone, parfaitement au milieu de celle-ci. Nous recevons les félicitations du sol. Le temps saluer les personnes au sol, nous reprenons de l’altitude et cap sur Marseille Provence.
Au retour, l’avion fera quelques caprices aux yeux des mécanos. Nous réalisons que nous aurons du travail samedi prochain, mais qu’importe, la Grise a une fois de plus effectué son travail, à nous de faire le nôtre pour la bichonner.
2h35 après avoir quitté les roues du sol, l’avion retrouve son nid, avec un équipage une fois de plus fier de la tâche accomplie.