Mardi 25 juin :
Nous avons rendez-vous à 6h30 à la porte des Salins pour un décollage prévu à 9h00.
Météo parfaite, température de 28°c, machine en état grâce à la préparation de nos fidèles mécanos le samedi précédent.
Briefing réalisé par notre responsable des OPS, Christian CDB du jour, qui, comme à son habitude, nous détaille parfaitement, Power Point à l’appui, toutes les particularités de ce vol et de cette mission.
Embarquement de l’équipage pour une mise en route à 8h30.
Décollage à 8h50 face au sud pour rejoindre par la côte notre début de traversée maritime au sud de St Tropez. Au passage, la TWR de Hyères nous demande si possibilité de faire un passage vertical au-dessus de leurs installations. Acceptation qui aura ravi les personnes présentes sur le terrain.
C’est toujours un plaisir de satisfaire ces demandes exceptionnelles, surtout quand elles ne modifient pas notre plan de vol.
Direct vers le sud du golfe de St Tropez pour éviter la zone militaire de l’ile du Levant et enfin direct vers Calvi pour la traversée en liaison radio avec Nice.
Nous nous sommes posés à Calvi Ste Catherine à 10h00 soit un TV de 1h10. Temps superbe et température en hausse. On va avoir chaud pendant les largages !
Nos amis légionnaires nous accueillent pour décharger la soute de notre lot de bord et direction la RAT* pour débuter les premiers parachutages dans l’après-midi.
Après un repas léger au mess des sous-officiers du camp Raffalli, retour au terrain pour effectuer les largages dans la baie de Calvi. Ce seront 3 groupes de paras qui sauteront dans la baie et seront récupérés par les zodiacs à leur amerrissage. Toujours aussi impressionnant de voir ces coupoles qui se balancent au-dessus du bleu intense de la baie de Calvi. Quel beau spectacle !
Retour ensuite à l’hôtel de l’équipage pour un repos mérité.
Mercredi 26 juin :
Cette journée est consacrée à la Passation du commandement du colonel Baptiste THOMAS au colonel Raphaël OUDOT de DAINVILLE.
Mise en place des compagnies du 2ème REP sur la place d’armes avec la musique (toujours aussi magnifique) de la Légion. Les autorités se mettent en place pour débuter la cérémonie dans un ordre stricte.
Pendant ce temps, l’équipage est en place à l’avion sur le terrain de Ste Catherine situé à quelques encablures du camp Raffalli. Chargement des SOA et chuteurs qui viendront en fin de cérémonie se poser dans le carré de la place d’armes.
Le premier passage de largage se fera juste après la passation, pour les SOA sur la zone de saut jouxtant les bâtiments du camp, quant aux chuteurs ils seront largués en vertical pour se poser sur le carré de la place d’armes Exercice de précision remarquable car ce carré n’est pas très grand. Bravo messieurs !
Vient ensuite le passage bas de notre Noratlas qui par un passage « à l’anglaise » sera visible de toute la foule des officiels et des familles et amis des légionnaires présents pour cette cérémonie. Applaudissements nourris pour ces beaux moments.
Un lunch sera servi au fond du camp ou les chants « à capella » des légionnaires seront entonnés pour le plus grand plaisir des civils que nous sommes.
Avant la soirée nous aurons le plaisir de voir (et d’entendre) deux Rafales nous exécuter de très beaux passage « tranche » à basse hauteur et grande vitesse (PC engagée). Ceux-ci revenaient de leur entrainement à Solenzara.
Retour à l’hôtel après cette très belle et bonne journée.
Jeudi 27 juin :
Journée consacrée à des largages en SOA et SOCR dans la baie et sur la zone de saut du camp Raffalli.
Dernière soirée à la popote de la première compagnie ou les remerciements de la part du Colonel nouvellement arrivé au commandement nous présage d’autres rencontres toutes aussi amicales et sincères.
Un grand merci à tous ces légionnaires, Officiers et sous-officiers pour leur accueil.
Après les remises des cadeaux et des « goodies », nous sommes revenus à notre hôtel avec le sentiment d’une mission bien remplie et appréciée par tous les acteurs présents.
A bientôt le plaisir de vous rencontrer de nouveau, messieurs du 2ème REP !
Vendredi 28 juin :
A 9h05 nous décollons de Calvi pour atterrir à Marseille Marignane à 10h12 après une traversée sans problèmes.
L’avion aura fait cette belle mission avec la régularité d’une horloge. Merci aux pilotes, mécaniciens, largueurs parachutistes de permettre à tous de profiter de cette belle machine.
J’ai sauté du Noratlas. (témoignage)
- Allo Dom, c’est Xavier, avec Arnaud on a pensé à toi ; est-ce que ça te dirait de sauter depuis le 105 en parachute au-dessus de chez toi pendant la mission de la Légion à Calvi ?
- HEuuuuu oui OK.
Clint Eastwood dans le Maître de guerre : Sauter d’un avion en parfait état, n’est pas un acte naturel. Alors exécution et profitez de la vue.
Ainsi le 25 juin 2024, le Noratlas est arrivé à Calvi pour trois jours. Quant à moi j’habite Lumio un village à voisin. Et donc c’est cet après-midi-là que je me retrouve en tenue avec un instructeur de la légion. Pas n’importe qui le gars. 15 ans de Légion Etrangère, il a plus de 2700 sauts à son actif, dont 700 en tandem. Il m’explique et décompose les étapes d’un saut en tandem. Il me présente un matériel sophistiqué, me fait faire quelques exercices au sol pour les ordres et les positions, tout ceci qui rassure, mais comment dire… Je ne suis pas rassuré, je me demande bien pourquoi j’ai accepté. Oui, je sais, c’est une occasion unique, je ne pouvais pas passer à côté. Xavier a les bons arguments : Sauter depuis mon avion préféré au-dessus de mon village… Bon bref sur le banc, attendant le Noratlas pour la troisième rotation de paras dont je suis, j’étais un peu blafard.
Nous montons dans l’avion. Il y a pour notre rotation plusieurs largages de prévus. Tout d’abord les OA qui eux sautent de 1000 pieds, ce n’est pas très haut, le largage est très rapide. Puis le Nord grimpe un peu au-dessus du FL 100, c’est-à-dire à 3200 mètres. Ce qui est 500 mètres plus haut que le Monté Cinto, le plus haut sommet de Corse. La vue promet d’être extraordinaire. Je suis dans la soute, nous y sommes encore quelques-uns. Moi à côté de mon binome, instructeur et pilote de parachute tandem
Il y a trois tandems de prévus dont un autre avec Xavier plus à l’aise que moi. Il y a aussi quelques paras sportifs. Je ne porte que ma combi légère en coton avec un simple T-shirt en dessous. Je me dis que là-haut je vais avoir froid. Notre vieil avion ne monte pas très vite, cela me laisse le temps bien de profiter de mes inquiétudes. Assis en face de moi Xavier m’observe avec amusement. A l’approche de la zone de largage ; nous nous levons tous. Mon binôme m’accroche fermement à son harnais, il est plus petit que moi, ce n’est pas de chance car cela m’oblige à fléchir les jambes. Là ça fait un peu comme lorsque l’on fait la chaise contre un mur, les cuisses tétanisent. L’attente me semble interminable. Probablement 7 ou 8 minutes. J’ai les cuisses en feu. Et là, c’est surprenant mais je vous assure, que j’étais pressé de sauter pour en finir avec cette douleur. Tout arrive.
Nous voici à la porte, les derniers à sauter. Je me souviens bien de l’instruction que j’ai reçu au sol. Je fixe l’intérieur de l’avion, Je mets bien mes pouces dans les bretelles de mon harnais, pour ne pas que mes bras partent dans tous les sens et ne gênent les manœuvres de celui qui a ma charge. C’est en marche arrière que l’on quitte l’avion que je vois très vite devenir tout petit-petit.
D’un coup on se retourne pour faire face à la terre. Mon binôme, pilote en quelque sorte, me tape sur l’épaule ce qui m’autorise à ouvrir les bras. Nous faisons des 360, Je ressens la forte pression de la chute, un truc de fou. Les 45 secondes de chute libre m’ont semblées ne durer que trois ou quatre secondes. Même pas le temps d’avoir froid, ou alors c’est la poussée d’adrénaline qui compense. Puis l’ouverture de la voile. Vous vous en doutez, freinage tellement violent qu’on a l’impression de remonter, mais aussi et surtout la sensation très déplaisante que les deux harnais vont se désolidariser. C’est bref mais flippant. En fait jusqu’à l’ouverture, toutes les manœuvres sont vives, brutales, presque violentes.
Et puis, c’est magnifique, le calme après la tempête, je suis comme assis sur une balançoire avec une vue a peine croyable. Plus un bruit, je peux retirer mon masque, et discuter avec mon pilote. J’admire mon village, la baie de Calvi, et les voiles de ceux qui ont sauté avant nous. Quel spectacle. Presque un quart d’heure tranquille de descente. J’ai même le bonheur de prendre un peu les commandes.
Comme nous avons le temps l’on se récite la manœuvre d’atterrissage. Je tiens mes genoux contre mon abdomen, la pointe des pieds vers le haut, et l’on se pose sur les fesses en douceur un peu comme l’on s’assoit sur une chaise. Voilà finalement c’était génial. Ceci dit j’ai un peu eu la nausée pendant un moment. C’est qu’en l’air nous avons fait quelques virages pas piqué des vers. Dans le passé l’on m’avait déjà proposé plusieurs fois de sauter en parachute. Jusqu’à présent j’ai toujours répondu que jamais l’on me verra voler suspendu à un torchon. A un ami moqueur qui se souvient bien de ma tirade me l’a rappelé, je lui ai répondu : oui mais là ce n’était pas un torchon mais une grande nappe pour famille nombreuse. Notre parachute était homologué pour une charge de 1200 kilos.
-=DoM=-
