13 AOUT 2024 - DZ LA COMBE-LE MUY
80e Anniversaire du Débarquement en Provence
Pour diverses raisons, le Noratlas n'a pas eu l'occasion ces dernières années, de procéder au traditionnel largage sur la DZ de la Combe au Muy, à l'occasion de la célébration du débarquement sur les plages de Provence, le 15 août 1944.
Cette gigantesque opération, baptisée "Opération Dragoon" vit le débarquement de 50 000 combattants sur le littoral varois, depuis la mer bien évidemment, mais aussi par les airs sous forme de troupes aéroportées.
Ce ne furent pas moins de 9 000 hommes britanniques et américains qui furent parachutés dans la zone du Muy, largués depuis 400 avions.
Depuis plusieurs années, chaque fois que cela est possible, le Noratlas n° 105 répond présent à l'appel de l'association Airborne Center, association spécialisé dans les largages commémoratifs sous voiles hémisphériques.
En cette année' du 80e anniversaire du débarquement, cette mission était très attendue par tous.
Le Noratlas décolle donc de Marignane à 7h45, avec à son bord huit hommes heureux : pilotes, mécaniciens, largueurs et aides-largueurs.
Décollage à 7h45 ; après un court vol qui permet de mettre les moteurs en température, voilà la Base Aéronavale (BAN) de CUERS-Pierrefeu où nous attendent en piaffant les parachutistes.
Tout le monde est fin prêt, pas un bouton de guêtre ne manque aux uniformes, les étirements musculaires ont été exécutés afin d'éviter les blessures.
Malgré les rires, la tension est bien là, bien qu'elle ne soit pas comparable à celle qui devait étreindre les jeunes paras de 1944, avant leur saut nocturne dans un environnement hostile.
Une fois posés, le temps de vider notre soute du lot de dépannage pour accueillir les paras, et c'est parti pour le Muy, DZ La Combe toute proche.
La Zone n'est pas très appréciée par nos pilotes car elle n'est pas rectiligne, mais présente une courbure en son milieu, lui donnant une forme de haricot.
Cette conformation augmente le risque de faire atterrir nos parachutistes dans les arbres jouxtant la zone en cas de vent latéral.
Pour compléter le tableau, un ruisseau coupe la zone en deux, et un petit plan d'eau la jouxte, rendant obligatoire la présence d'une embarcation "au cas où…"
Même pour des équipages très expérimentés comme ceux du Noratlas, l'opération requiert une attention toute particulière.
Le parachutage se décomposera en 6 passages à la fin desquels nous aurons largués 24 parachutistes.
Parmi ceux-ci nous aurons 5 paras américains, particulièrement émus :
1° passage reco, avion seul, à 300 m de hauteur pour vérifier les axes et la coordination avec l'équipe d marqueurs au sol.
2° passage TID (Témoin Inerte de Dérive) traditionnellement appelé SIKI dans l'armée française.
Ce témoin sert à estimer la correction qu'il faudra appliquer à la trajectoire de l'avion en fonction de la vitesse et de l'orientation du vent dominant.
3° passage : largage des 5 paras Américains.
4° passage : largage de 10 paras Airborne Center
5° passage : largage de 9 Paras ABC.
6° Passage : largage à 150 pieds de la gaine contenant les SOA (Sangles à Ouverture Automatique) avec ouverture d’un parachute TR800 de couleur Blanche.
Il va sans dire que ce passage est très apprécié par la foule venue profiter du spectacle, et rendre hommage aux héros de 1944.
Même si notre avion est légèrement postérieur au débarquement, nos moteurs Bristol de 2000 CV (à l'accent anglais) sont bien contemporains et contribuent à recréer une certaine tension.
Dans la foulée, retour sur Cuers, avec notre avion subitement vide alors que quelques minutes auparavant, tous les sièges de toile étaient occupés : drôle de sensation.
Deuxième escale sur la BAN pour charger le lot de soute et retour à notre base de Marignane vers 12h45.
La base de Cuers nous a gentiment offert une échelle para (spécialement adaptée au Noratlas) toute neuve.
Même si la notre est en bon état, cet élément essentiel est constamment utilisé, et une remplaçante nous met à l'abri de toute casse intempestive.
Ne soyons pas modestes : encore une mission réussie.
Qu'on ne s'y trompe pas, qu'elle dure une demi-journée ou plusieurs jours, la dose d'attention et d'adrénaline est toujours présente
et nous respirons quand tout s'est bien passé.
Un grand merci à Alain pour ses superbes photos :
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